1. Resolve to Save Lives
  2. Nigeria Centre for Disease Control

Les épidémies auxquelles nous avons échappé

Étude de cas:

L’orthopox­virose simienne
au Nigéria

Des équipes d’intervention rapides sur le pied de guerre :
L’approche du Nigéria pour neutraliser l’orthopoxvirose simienne

Image microscopique du virus de l'orthopoxvirose simienne. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Getty Images/ BSIP.
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À propos de l’orthopox­virose simienne

L’orthopoxvirose simienne, également connue sous le nom de variole du singe, est une maladie virale rare étroitement liée à la variole des vaches et à la variole. Bien que le virus ait été identifié en 1958 chez un groupe de singes utilisés pour la recherche, les rongeurs et les primates semblent être les principaux animaux vecteurs du virus.1  Le premier cas humain a été détecté en 1970 en République démocratique du Congo (RDC). La plupart des cas humains ont été observés en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, mais des épidémies sont également apparues aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Israël ces dernières années.2

Bien qu’il existe des cas de transmission interhumaine, le principal mode de transmission reste le contact avec des animaux infectés. Parmi les symptômes associés à cette maladie, on trouve la fièvre, une éruption cutanée, un gonflement des ganglions lymphatiques et des cloques douloureuses, semblables à celles causées par la variole. Les formes graves de l’orthopoxvirose simienne peuvent s’avérer fatales. Son taux de mortalité peut s’élever jusqu’à 11 %.3 Le vaccin contre la variole est efficace à 85 % contre l’orthopoxvirose simienne, mais il n’est que très peu utilisé depuis que la variole a été éradiquée en 1980.4 Il n’existe aucun autre vaccin ou traitement préventif ou curatif de l’orthopoxvirose simienne.

Bien que l’orthopoxvirose simienne reste rare, elle se manifeste plus souvent depuis les années 1980. Entre 1981 et 1986, 404 cas ont été détectés en Afrique. En RDC,5 où se concentrent la plupart des cas, on dénombre plus de 1 000 cas par an depuis 2005.6  Pour la seule période de janvier à septembre 2020, 4 594 cas ont été signalés.

 

Singes en observation dans un zoo. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Laura Gil Martinez/IAEA

Ce qu’il s’est passé

Après 39 années sans avoir à déclarer le moindre cas d’orthopoxvirose simienne, le Nigéria a connu sa plus grande épidémie en 2017.7 Entre 2017 et 2019, plus de 300 cas ont été déclarés.8 Avant septembre 2019, la plupart de ces cas se concentraient dans les États de Lagos et du Delta sur la côte nigériane.

Le 12 septembre 2019, un cas suspect d’orthopoxvirose simienne a été détecté pour la première fois à Akwa Ibom, un État de la côte est du Nigéria. Dix jours plus tard, le diagnostic a été confirmé par des tests de dépistage réalisés en laboratoire. Si des cas d’orthopoxvirose simienne étaient déjà apparus dans les États voisins, ce cas confirmé et les neuf autres cas suspects étaient une première pour Akwa Ibom. Les autorités se sont donc alarmées de la possibilité d’une nouvelle propagation.

 

Les responsables ont également décidé de classer l’orthopoxvirose simienne dans la catégorie des infections devant être signalées immédiatement aux autorités nationales afin d’accélérer les processus d’alerte et d’intervention.

Des scientifiques examinent des animaux qui sont peut-être atteints d'orthopoxvirose simienne. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Getty Images/The Washington Post

L'Intervention

Après des années de préparation, les autorités sanitaires nigérianes étaient prêtes à combattre la nouvelle épidémie survenue dans l’État d’Akwa Ibom. Lorsque l’orthopoxvirose simienne est réapparue pour la première fois en septembre 2017, le Centre nigérian pour le contrôle des maladies (NCDC) a publié des directives nationales pour lutter contre l’épidémie. Les responsables ont également décidé de classer l’orthopoxvirose simienne dans la catégorie des infections devant être signalées immédiatement aux autorités nationales afin d’accélérer les processus d’alerte et d’intervention. Le NCDC a envoyé des équipes d’intervention rapide partout où des cas ont été confirmés et entrepris une vaste campagne de communication pour sensibiliser le grand public au virus et à ses risques.9 10

L’équipe nationale d’intervention rapide envoyée en renfort auprès des autorités locales et de l’État s’est jointe aux responsables de la santé publique et des laboratoires pour lutter ensemble contre l’épidémie. Cette collaboration leur a permis de travailler à l’identification de cas supplémentaires, de procéder à la recherche des contacts et de contribuer à l’amélioration de la surveillance, de la gestion des cas et des méthodes de prélèvement des échantillons. La mauvaise qualité des échantillons prélevés sur les premiers cas suspects impliquait que, à l’exception du seul cas confirmé, les résultats des tests n’étaient pas concluants. Au total, l’équipe d’intervention rapide a détecté huit cas suspects supplémentaires, dont les tests se sont tous avérés négatifs. Sur les 18 cas suspects, un seul diagnostic a été confirmé par les tests réalisés en laboratoire.

 

Les facteurs essentiels de la préparation aux épidémies

  1. Evaluation des risques et planification

  2. Communication sur les risques

L’équipe d’intervention rapide a également mené des enquêtes pour évaluer le niveau de sensibilisation des médecins à l’orthopoxvirose simienne à Akwa Ibom. Les résultats ont révélé une bonne compréhension du virus et de la méthode de détection et de gestion des cas, mais également des faiblesses dans les protocoles de prélèvement des échantillons et une forte stigmatisation des patients. Pour y remédier, des sessions de formation au prélèvement d’échantillons et de sensibilisation visant à réduire la stigmatisation ont été organisées pour le personnel médical local. D’autres lacunes ont été identifiées au niveau de l’hôpital local spécialisé dans les maladies infectieuses, et des recommandations ont été formulées à des fins d’amélioration. Les équipes ont également mené des campagnes de sensibilisation visant à lutter contre la stigmatisation des personnes infectées qui prévalait au sein de la communauté.

L’équipe d’intervention rapide a permis à l’État de s’approprier pleinement la riposte face à l’épidémie, d’améliorer son système de surveillance et de poursuivre ses efforts visant à réduire la stigmatisation des personnes infectées par l’orthopoxvirose simienne. En outre, l’équipe a insisté pour que l’État veille plus activement à ce que les cas détectés soient transportés à l’hôpital local spécialisé dans les maladies infectieuses. Cette opération était en effet entravée par le manque de fonds pour réparer une ambulance en panne et par l’état de délabrement de l’hôpital.11

 

Des scientifiques étudient la façon dont les épidémies d'Ebola, d'orthopoxvirose simienne et de grippe aviaire ont été détectées. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Laura Gil Martinez/IAEA

Grâce aux mesures rapides prises par le ministère de la Santé et les autorités locales, l’épidémie à Akwa Ibom a pu être maîtrisée en un mois.

Patient atteint d'orthopoxvirose simienne et présentant des symptômes. Photo reproduite avec l'aimable autorisation du ministère de la Santé de l'État d'Akwa Ibom

À la fin de la visite de l’équipe d’intervention rapide, le commissaire à la santé de l’État d’Akwa Ibom a informé la communauté de l’épidémie, en demandant à chacun d’éviter les contacts avec les animaux qui pourraient être porteurs du virus et avec tout ce qui aurait pu être en contact avec des animaux infectés. Il a également été demandé à la population de se mettre en quarantaine pendant que les agents de santé procédaient au prélèvement et à l’envoi des échantillons pour analyse.12

Les équipes d’intervention rapide et la collaboration entre les experts de l’État et du pays ont permis la mise en œuvre rapide et complète de la riposte face à l’épidémie. Grâce aux mesures rapides prises par le ministère de la Santé et les autorités locales, l’épidémie à Akwa Ibom a pu être maîtrisée en un mois.

Cette étude de cas a été réalisée en partenariat avec le ministère de la Santé de l’État d’Akwa Ibom et le Centre nigérian de contrôle des maladies.

Chronologie

La capacité de l’État à réagir rapidement face à cette épidémie montre ce qu’il est possible d’accomplir lorsque nous faisons les bons investissements dans la santé publique.

Dr Nsisong Asanga, épidémiologiste sur le terrain
Lagos, au Nigéria. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Unsplash

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Références

  1. Organisation mondiale de la Santé. (6 juin 2018). « Orthopoxvirose simienne ». https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/monkeypox
  2. Ministère fédéral de la Santé - Centre nigérian pour le contrôle des maladies (NCDC). (2017). « Interim National Guidelines for Monkeypox Outbreak Response ». https://ncdc.gov.ng/themes/common/docs/protocols/50_1508912430.pdf
  3. Organisation mondiale de la Santé. (1er novembre 2019a). « Monkeypox ». https://www.who.int/health-topics/monkeypox/
  4. Organisation mondiale de la Santé. (1er novembre 2019a). « Monkeypox ». https://www.who.int/health-topics/monkeypox/
  5. Organisation mondiale de la Santé. (1er octobre 2020). « Orthopoxvirose simienne – République démocratique du Congo ». https://www.who.int/csr/don/01-october-2020-monkeypox-drc/en/
  6. Centres africains de contrôle et de prévention des maladies. (2019). About Monkeypox | Monkeypox | Poxvirus | CDC. https://www.cdc.gov/poxvirus/monkeypox/about.html
  7. Chieloka, O. S., Amao, L. K., Akinrogbe, J. T., Iniobong, J.-I. & Burga, J. (2020). Outbreak Investigation of Monkeypox in Akwa Ibom State: A Matched Case Control Study 14th -24th October 2019. East African Journal of Health and Science. 1(1), 37-44. https://journals.eanso.org/index.php/eajhs/article/view/57
  8. Chakrabarti, S., Clarke, S., et Boggild, A. (4 juin 2019). « Monkeypox outbreak in Nigeria ». On Medicine. https://blogs.biomedcentral.com/on-medicine/2019/06/04/monkeypox-outbreak-in-nigeria/#:~:text=The%20outbreak%20continues%20in%202019,had%20received%20preventative%20smallpox%20vaccination
  9. Ministère fédéral de la Santé - Centre nigérian pour le contrôle des maladies (NCDC). (2017). « Interim National Guidelines for Monkeypox Outbreak Response ». https://ncdc.gov.ng/themes/common/docs/protocols/50_1508912430.pdf
  10. Ministère fédéral de la Santé - Centre nigérian pour le contrôle des maladies (NCDC). (2017). « Interim National Guidelines for Monkeypox Outbreak Response ». https://ncdc.gov.ng/themes/common/docs/protocols/50_1508912430.pdf
  11. hieloka, O. S., Amao, L. K., Akinrogbe, J. T., Iniobong, J.-I. et Burga, J. (2020). « Outbreak Investigation of Monkeypox in Akwa Ibom State: A Matched Case Control Study 14th -24th October 2019 ». East African Journal of Health and Science. 1(1), 37-44. https://journals.eanso.org/index.php/eajhs/article/view/57
  12. Anthony, L. (26 octobre 2019). « 18 cases of monkey pox reported in Akwa Ibom ». Daily Post Nigeria. https://dailypost.ng/2019/10/26/18-cases-of-monkey-pox-reported-in-akwa-ibom/