COVID-19

  1. Resolve to Save Lives

Étude de cas:

La COVID-19
au Viet Nam

Les chiffres de l'épidémie*

  1. 11.5M Nombre total de cas
  2. 0 Nombre de vaccins
  3. 43.2K Nombre de morts
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Lorsque le SARS-CoV-2 est arrivé au Viet Nam à la fin du mois janvier 2020, le gouvernement était prêt à intervenir grâce à des semaines de préparation intensive, étayées par des années de travail proactif visant à mettre en place des systèmes efficaces de riposte aux épidémies et à œuvrer en faveur d’un système de soins de santé universel.

À propos du SARS-CoV-2

Le 31 décembre 2019, la Commission sanitaire municipale de Wuhan a informé le bureau de l’Organisation mondiale de la Santé en Chine de l’apparition de cas de pneumonie causée par un virus inconnu.1 En avril 2021, le bilan de la COVID-19, la maladie causée par le SARS-CoV-2, était de plus de 3 millions de morts et d’au moins 140 millions de personnes contaminées à travers le monde.2

Le SARS-CoV-2 est un nouveau coronavirus. Les coronavirus ont été identifiés dans les années 1960 comme une cause des rhumes chez l’homme, mais ils n’étaient pas considérés comme une menace pour la santé publique. Bien que les rhumes puissent parfois entraîner des maladies graves chez les nourrissons et les personnes âgées, ils ne représentaient généralement pas un grand danger pour la population générale. La situation a changé avec l'apparition du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2002 et du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) en 2012, tous deux causés par de nouveaux coronavirus humains plus mortels et capables de rendre gravement malades des personnes habituellement en bonne santé.3

Deux mois après sa découverte à Wuhan, le SARS-COV-2 s’est révélé être un adversaire bien plus dangereux.

En mars 2020, l’OMS qualifiait la COVID-19 de pandémie mondiale, incitant les pays à prendre des mesures radicales de confinement et de restriction des déplacements alors que cette maladie mortelle se propageait partout dans le monde. L’humanité n’ayant jamais été confrontée à la COVID-19, il n’existait pas d’immunité naturelle ni de protocoles de soins établis. Les gouvernements se sont donc appuyés sur des mesures sociales et de santé publique telles que la quarantaine, le port du masque et la distanciation physique pour ralentir la propagation du virus tandis que la communauté scientifique se lançait dans une course contre la montre pour développer des traitements et des vaccins.

Les scientifiques sont parvenus à développer des vaccins pour protéger la population contre la COVID-19 en moins d’un an.4 Normalement, il faut compter cinq à 10 ans pour le développement d’un vaccin. Les médecins ont également appris à mieux gérer les soins aux patients, ce qui a permis d’améliorer l’espérance de vie dans certaines régions. Il n’existe cependant pas encore de traitement contre la COVID-19, et plusieurs années peuvent s’écouler avant que toute la population mondiale soit vaccinée. Alors que les pays s’efforcent de lever les principaux obstacles à la distribution équitable des vaccins, des mesures de santé publique sont encore nécessaires pour sauver des vies.

Avertissement : Ces études de cas présentent divers pays qui ont mis en œuvre des plans de préparation pour une riposte initiale forte face à la COVID-19. Étant donné que la pandémie s'étend et met à l'épreuve les capacités de riposte de tous les pays, une augmentation des cas, des décès et des erreurs d’intervention peuvent encore se produire.

Scène de rue à Hô Chi Minh-Ville, au Viet Nam, pendant la pandémie de COVID-19. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Unsplash

Ce qu’il s’est passé

Le 22 janvier 2020, un ressortissant chinois de 65 ans et son fils, tous deux résidents du Viet Nam, sont arrivés à l’Hôpital Cho Rây, le plus grand hôpital du Viet Nam, avec des symptômes préoccupants. Le père s’était récemment rendu à Wuhan, en Chine, avec sa femme. Lorsqu’ils sont rentrés chez eux à Hô Chi Minh-Ville au Viet Nam, le couple a rendu visite à son fils et s’est rendu dans quatre villes différentes à l’aide de divers moyens de transport.56 Les prélèvements effectués sur le père et le fils se sont révélés positifs au nouveau coronavirus, ce qui a suscité l’inquiétude des responsables de la santé concernant la propagation du virus au Viet Nam. Le 23 janvier 2020, jour où les deux hommes ont été testés positifs, trois femmes vietnamiennes de retour d’un voyage d’affaires à Wuhan ont été reçues dans deux hôpitaux différents. Toutes trois présentaient des symptômes de la COVID-19 et ont finalement été elles aussi testées positives. La COVID-19 était arrivée sur le sol vietnamien.7

L'Intervention

Les hôpitaux vietnamiens s’étaient déjà préparés à la prise en charge des patients atteints de COVID-19 lorsque ces derniers sont arrivés les 22 et 23 janvier. En effet, quand les premiers cas de pneumonie virale avaient été signalés en Chine la veille du Nouvel An en 2019, les autorités vietnamiennes, craignant que cette maladie ne soit similaire au syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), se sont immédiatement préparées à réagir. Un peu plus de deux semaines plus tard, le 16 janvier, le gouvernement a rendu public un plan d’action pour faire face à la COVID-19 et, le 20 janvier, les hôpitaux se sont préparés à isoler, à traiter et à gérer adéquatement les patients. Le jour suivant, des recommandations nationales en matière de surveillance de la COVID-19 ont été publiées et, une semaine plus tard, un comité national a été créé pour piloter une stratégie à l’échelle de l’ensemble du gouvernement.

Ainsi, lorsque les hôpitaux ont reçu les premiers patients, des mesures d’isolement appropriées ont pu être prises rapidement. Les hôpitaux ont équipé leur personnel d’équipements de protection individuelle issus d’un stock important. Au début de la pandémie de COVID-19, le Viet Nam comptait déjà 12 000 personnes formées dans ses équipes de recherche de contact contre seulement 2 200 aux États-Unis, un pays dont la population est plus de trois fois supérieure à la sienne. Ainsi, lorsque des patients ont été testés positifs, les contacts ont été rapidement retrouvés, mis en quarantaine et testés, ce qui a permis d’éviter que le nombre de cas n’échappe à tout contrôle.89

Scène de rue à Hanoï, au Viet Nam. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Unsplash

Les facteurs essentiels de la préparation aux épidémies

  1. Evaluation des risques et planification

  2. Ressources humaines

Le Viet Nam ne doit pas uniquement le succès de sa riposte à la rapidité avec laquelle il a pris des mesures en janvier. Le pays se préparait en effet depuis des années à une éventuelle épidémie, en augmentant les dépenses de santé par habitant de 9 % par an depuis 2000. Ce n’était pas la première fois que le Viet Nam était confronté à un nouveau coronavirus, le pays ayant été durement touché par l’épidémie de SRAS de 2002-2003. Le Viet Nam était le deuxième pays à avoir été touché par le SRAS, qui avait infecté 63 professionnels de santé et entraîné cinq décès. Cependant, grâce à l’intervention rapide du gouvernement, le Viet Nam avait été le premier pays à endiguer l’épidémie.10  Cette riposte du gouvernement face au SRAS a servi de base à un plan d’action pour les épidémies futures et a incité le gouvernement à mettre en place un système national de surveillance des maladies et un centre national d’opérations de santé publique. En 2016, les hôpitaux de tout le pays suivaient l’évolution de la situation en temps réel, signalant les maladies potentiellement dangereuses aux autorités nationales dans les 24 h suivant leur détection.11

Scène de rue à Hô Chi Minh-Ville, au Viet Nam. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Unsplash

Grâce à ses années de préparation aux épidémies et à son engagement à sauver des vies, le Viet Nam est aujourd’hui l'un des pays qui enregistrent le moins de cas et de décès dus à la COVID-19 dans le monde.

A Hanoï, au Viet Nam, la population respecte la distanciation physique pendant la pandémie de COVID-19. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Getty Images/Nhac Nguyen

Dans leur riposte à la COVID-19, les autorités vietnamiennes ont déclaré que la priorité était de sauver des vies et que cela passerait avant les intérêts économiques. Cette politique a donné lieu à toute une série de mesures efficaces. En janvier 2020, les responsables gouvernementaux ont rencontré les fabricants de tests pour encourager le développement de tests de dépistage de la COVID-19. Entre début février et début mars, plusieurs tests conçus localement ont été mis sur le marché. Le dépistage s’est rapidement étendu, passant de deux sites offrant ce service en janvier à 120 sites en mai.

Le Viet Nam a mis en place des politiques efficaces de recherche des contacts qui ont permis de remonter jusqu’aux contacts étroits, qui étaient isolés dans les hôpitaux s’ils s’avéraient positifs ou placés en quarantaine pendant 14 jours dans des installations prévues par le gouvernement s’ils s’avéraient négatifs. Pour une recherche de contacts efficace, les responsables de la santé publique ont travaillé en coordination avec l’armée et d’autres fonctionnaires et les communes. Afin de garantir un large accès aux soins, tous les soins de santé liés à la COVID-19 ont été fournis gratuitement.12

Bien que la pandémie de COVID-19 ait été largement contenue dans tout le pays, des cas ont commencé à apparaître en juillet dans la ville de Da Nang, ce qui indique que le virus s’est propagé localement sans être détecté pendant un certain temps.13 Cette épidémie a entraîné un renforcement des politiques qui ont prouvé leur efficacité, à savoir la distanciation sociale, le port du masque, l’interdiction des rassemblements publics, la restriction des déplacements et la recherche et le dépistage des cas contacts. Le masque n’était plus porté que par 35 % de la population fin juillet à la suite du relâchement des efforts dû au succès initial de la riposte à la COVID-19, et son utilisation est remontée à 90 % début août.14 Da Nang étant une destination de vacances populaire, plus d’un million de personnes qui s’y étaient rendues en juillet ont été identifiées comme des cas contacts et priées de s’isoler avant d’être testées dans plusieurs provinces du Viet Nam. Les autorités ont également confiné l’hôpital local et mis en place des hôpitaux de campagne pour gérer les soins tout en dépistant une personne dans 70 000 ménages. Au total, 550 cas ont été détectés entre le 23 juillet et le 2 septembre, date à laquelle il a été officiellement déclaré que l’épidémie locale était terminée.

Malgré les revers et les flambées locales de l’épidémie, au 30 janvier 2021, soit un an après que l’OMS a déclaré une urgence de santé publique de portée internationale, le Viet Nam enregistrait moins de 1 800 cas de COVID-19, dont 35 décès (tous survenus au cours de l’épidémie de Da Nang). Grâce à ses années de préparation aux épidémies et à son engagement à sauver des vies, le Viet Nam est aujourd’hui l’un des pays qui enregistrent le moins de cas et de décès dus à la COVID-19 dans le monde.

[Le Viet Nam] a fait tout ce qu’il fallait faire… mais ce n’est pas de la magie pour autant.

Todd Pollack, un spécialiste des maladies infectieuses du Partenariat pour la Promotion de la santé au Viet Nam, cité dans Nature
Scène de rue à Hô Chi Minh-Ville, au Viet Nam. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Unsplash

*Compilés à partir du tableau de bord sur la COVID-19 par le Center for Systems Science and Engineering de l'Université John Hopkins.

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Références

  1. Organisation mondiale de la Santé. (2020a). « Timeline: WHO's COVID-19 response ». https://www.who.int/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/interactive-timeline
  2. The New York Times. (consulté le 15 mars 2021). « Coronavirus World Map: Tracking the Global Outbreak ». https://www.nytimes.com/interactive/2020/world/coronavirus-maps.html
  3. Cui, J., Li, F. et Shi, Z.-L. (10 décembre 2018). « Origin and evolution of pathogenic coronaviruses ». Nature Reviews Microbiology. https://www.nature.com/articles/s41579-018-0118-9
  4. Johns Hopkins Coronavirus Resource Center. (n.d.-b). « Vaccine Research & Development ». https://coronavirus.jhu.edu/vaccines/timeline
  5. Phan, L. T., Nguyen, T. V., Luong, Q. C., Nguyen, T. V., Nguyen, H. T., Le, H. Q., Nguyen, T. T., Cao, T. M. et Pham, Q. D. (2020). « Importation and Human-to-Human Transmission of a Novel Coronavirus in Vietnam ». New England Journal of Medicine, 382(9), 872–874. https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMc2001272
  6. Phan, L. T., Nguyen, T. V., Luong, Q. C., Nguyen, T. V., Nguyen, H. T., Le, H. Q., Nguyen, T. T., Cao, T. M. et Pham, Q. D. (2020). « Importation and Human-to-Human Transmission of a Novel Coronavirus in Vietnam ». New England Journal of Medicine, 382(9), 872–874. https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMc2001272
  7. Van Cuong, L., Giang, H. T. N., Linh, L. K., Shah, J., Van Sy, L., Hung, T. H., Reda, A., Truong, L. N., Tien, D. X. et Huy, N. T. (2020). « The first Vietnamese case of COVID-19 acquired from China ». The Lancet Infectious Diseases, 20(4), 408–409. https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(20)30111-0/fulltext
  8. Nature Briefing. (2020). « Why many countries failed at COVID contact-tracing — but some got it right ». Nature. https://www.nature.com/articles/d41586-020-03518-4
  9. Nguyen, T. V., Tran, Q. D., Phan, L. T., Vu, L. N., Truong, D. T. T., Truong, H. C., Le, T. N., Vien, L. D. K., Nguyen, T. V., Luong, Q. C. et Pham, Q. D. (2021). « In the interest of public safety: rapid response to the COVID-19 epidemic in Vietnam ». BMJ Global Health, 6(1), e004100. https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/e004100.full_.pdf
  10. CNN. (28 avril 2003). « How Vietnam beat the bug ». https://edition.cnn.com/2003/WORLD/asiapcf/east/04/28/sars.vietnam/
  11. Our World in Data. (5 mars 2021). « Emerging COVID-19 success story: Vietnam’s commitment to containment ». https://ourworldindata.org/covid-exemplar-vietnam
  12. Our World in Data. (5 mars 2021). « Emerging COVID-19 success story: Vietnam’s commitment to containment ». https://ourworldindata.org/covid-exemplar-vietnam
  13. Pearson, J. (30 juillet 2020). « In just days, Vietnam shifts from virus-free paradise to panic ». Reuters. https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-vietnam-spread/in-just-days-vietnam-shifts-from-virus-free-paradise-to-panic-idUSKCN24V1ZQ
  14. Nguyen, T. V., Tran, Q. D., Phan, L. T., Vu, L. N., Truong, D. T. T., Truong, H. C., Le, T. N., Vien, L. D. K., Nguyen, T. V., Luong, Q. C. et Pham, Q. D. (2021). « In the interest of public safety: rapid response to the COVID-19 epidemic in Vietnam ». BMJ Global Health, 6(1), e004100. https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/e004100.full_.pdf