COVID-19

  1. Resolve to Save Lives

Étude de cas:

La COVID-19
en Mongolie

Les chiffres de l'épidémie*

  1. 1M Nombre total de cas
  2. 0 Nombre de vaccins
  3. 2.1K Nombre de morts
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Bien qu’elle partage la plus longue frontière terrestre au monde avec la Chine, au 30 janvier 2021, soit un an après que l’OMS a déclaré une urgence de santé publique de portée internationale, la Mongolie avait dénombré moins de 1 800 cas de COVID-19 et seulement deux décès. Le pays a pu empêcher la propagation de la COVID-19 en prenant des mesures rapides, à commencer par l’obligation de porter un masque instaurée par décret un jour après que le nouveau coronavirus a été identifié.

À propos du SARS-CoV-2

Le 31 décembre 2019, la Commission sanitaire municipale de Wuhan a informé le bureau de l’Organisation mondiale de la Santé en Chine de l’apparition de cas de pneumonie causée par un virus inconnu.1 En avril 2021, le bilan de la COVID-19, la maladie causée par le SARS-CoV-2, était de plus de 3 millions de morts et d’au moins 140 millions de personnes contaminées à travers le monde.2

Le SARS-CoV-2 est un nouveau coronavirus. Les coronavirus ont été identifiés dans les années 1960 comme une cause des rhumes chez l’homme, mais ils n’étaient pas considérés comme une menace pour la santé publique. Bien que les rhumes puissent parfois entraîner des maladies graves chez les nourrissons et les personnes âgées, ils ne représentaient généralement pas un grand danger pour la population générale. La situation a changé avec l'apparition du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2002 et du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) en 2012, tous deux causés par de nouveaux coronavirus humains plus mortels et capables de rendre gravement malades des personnes habituellement en bonne santé.3

Deux mois après sa découverte à Wuhan, le SARS-COV-2 s’est révélé être un adversaire bien plus dangereux.

En mars 2020, l’OMS qualifiait la COVID-19 de pandémie mondiale, incitant les pays à prendre des mesures radicales de confinement et de restriction des déplacements alors que cette maladie mortelle se propageait partout dans le monde. L’humanité n’ayant jamais été confrontée à la COVID-19, il n’existait pas d’immunité naturelle ni de protocoles de soins établis. Les gouvernements se sont donc appuyés sur des mesures sociales et de santé publique telles que la quarantaine, le port du masque et la distanciation physique pour ralentir la propagation du virus tandis que la communauté scientifique se lançait dans une course contre la montre pour développer des traitements et des vaccins.

Les scientifiques sont parvenus à développer des vaccins pour protéger la population contre la COVID-19 en moins d’un an.4 Normalement, il faut compter cinq à 10 ans pour le développement d’un vaccin. Les médecins ont également appris à mieux gérer les soins aux patients, ce qui a permis d’améliorer l’espérance de vie dans certaines régions. Il n’existe cependant pas encore de traitement contre la COVID-19, et plusieurs années peuvent s’écouler avant que toute la population mondiale soit vaccinée. Alors que les pays s’efforcent de lever les principaux obstacles à la distribution équitable des vaccins, des mesures de santé publique sont encore nécessaires pour sauver des vies.

Avertissement : Ces études de cas présentent divers pays qui ont mis en œuvre des plans de préparation pour une riposte initiale forte face à la COVID-19. Étant donné que la pandémie s'étend et met à l'épreuve les capacités de riposte de tous les pays, une augmentation des cas, des décès et des erreurs d’intervention peuvent encore se produire.

Nombre de nouveaux cas confirmés de COVID-19 par jour au cours de l'année écoulée depuis que l'OMS a déclaré une urgence de santé publique de porté internationale

Ce qu’il s’est passé

Comme le reste du monde, la Mongolie a été informée de la propagation en Chine de ce qui s’est avéré plus tard être le SARS-CoV-2 la veille du Nouvel An en 2019. Les dirigeants de la Mongolie ont vite réalisé la gravité de l’épidémie. Les nombreux échanges commerciaux et les voyages aériens entre les deux pays constituaient en effet une menace sérieuse. Les responsables savaient également que même une épidémie relativement modeste pourrait submerger leur système de santé et que le nombre limité de respirateurs ne permettrait pas de prendre en charge un grand nombre de patients.5

L'Intervention

Le 9 janvier, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé qu’un nouveau coronavirus était à l’origine de la pneumonie virale.6 Dès le lendemain, alors que de nombreux gouvernements attendaient pour réagir, la Mongolie a émis un avis recommandant à tous les Mongols de porter des masques. Six semaines plus tard, les transports en commun et d’autres services n’étaient plus accessibles qu’aux personnes munies de masques. Les autorités ont également mis en place un comité d’état d’urgence en s’appuyant sur une loi de 2017 sur la préparation aux situations d’urgence afin de coordonner la riposte à l’échelle nationale, bien avant que l’OMS ne déclare l’état d’urgence de santé publique.78

La situation mondiale s’étant rapidement aggravée en janvier et un nombre croissant de pays ayant signalé l’apparition de cas sur leur territoire, la Mongolie a renforcé sans tarder ses mesures de contrôle, en appliquant des restrictions sur les déplacements en provenance de Chine et en isolant les voyageurs en provenance des pays où des cas de COVID-19 avaient été déclarés. Avant que des cas ne soient confirmés, la Mongolie a annulé fin février les célébrations du Nouvel An du calendrier lunaire (Tsagaan Sar), la fête annuelle la plus importante du pays. Les déplacements à travers le pays ont été restreints pendant les vacances, puis à nouveau après la détection du premier cas domestique de COVID-19 le 10 mars, ce qui a également conduit à la fermeture de la plupart des entreprises. Les autorités ont utilisé la télévision pour remplacer l’enseignement en présentiel dans les écoles primaires et sont passées à l’enseignement en ligne pour les universités.9

Les élèves s'adaptent à l'apprentissage à distance. Photo reproduite avec l'aimable autorisation du Global Press Journal/Dolgormaa Sandagdorj

Les facteurs essentiels de la préparation aux épidémies

  1. Evaluation des risques et planification

  2. Interventions d'urgence

Les dirigeants de la Mongolie ont tenu la population informée par le biais de SMS et de déclarations quotidiennes à la nation dans tous les médias. Des informations claires et précises provenaient d’une seule et même source, évitant ainsi toute confusion inutile. Parmi les autres mesures d’intervention figurent un vaste dispositif de recherche des contacts, la mise en quarantaine et le dépistage de tous les voyageurs, des tests aléatoires au sein des communautés, des cliniques de dépistage sans rendez-vous et la création de camps d’isolement et de quarantaine. Toutes ces mesures ont été mises en place au mois de février, avant l’apparition du premier cas dans le pays. Les camps ont été créés, car beaucoup de personnes ne pouvaient pas se mettre en quarantaine chez elles. Il a été demandé aux personnes suspectées d’être atteintes de la COVID-19 et à celles qui avaient été en contact étroit avec des cas confirmés de COVID-19 de rester dans les camps afin d’y être suivies. Tous les soins de santé liés à la COVID-19 ont été dispensés gratuitement, les repas restant à la charge des patients.10

Les efforts déployés pour la mise en place d’une riposte rapide en s’appuyant sur l’analyse des risques ont préparé le pays à contenir toute épidémie potentielle. Au début du mois de mars, un ressortissant français qui n’avait pas respecté la quarantaine a été testé positif au virus après avoir présenté des symptômes de la COVID-19. À partir du moment où ce cas a été officiellement confirmé le 10 mars, il n’a fallu que six jours pour que les 181 personnes contacts soient retrouvées, testées et placées en quarantaine.11

Paysage de Mongolie. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Unsplash

Voilà ce qu’il en est : nous n’avons pas un très bon système de santé public. C’est la raison pour laquelle nos administrateurs avaient aussi peur de la COVID-19. Nous n’avons pas beaucoup de respirateurs, par exemple.

Davaadorj Rendoo, épidémiologiste au Centre Nationale de Santé Publique de Mongolie, cité dans Technology Review
Paysage d'Oulan Bator, en Mongolie. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Unsplash

Le nombre de cas de COVID-19 a augmenté, depuis le mois de février 2021, mais en Mongolie, le nombre de cas est resté faible au cours de la première année de la pandémie.12

Le contrôle strict des épidémies peut avoir des répercussions sociales et économiques négatives. La Mongolie a été critiquée pour ne pas avoir toujours su trouver le bon équilibre, la restriction des libertés civiles s’étant avérée particulièrement préoccupante. Ces frustrations ont conduit à des manifestations qui ont entraîné la démission de nombreux dirigeants mongols, notamment le Premier ministre qui a quitté ses fonctions au début de l’année 2021.13, 14

Bien que la riposte se soit heurtée à des difficultés, les mesures immédiates mises en œuvre par la Mongolie dans les premiers mois qui ont suivi l’apparition de l’épidémie, notamment la recommandation du port de masques, la mise en place de structures de quarantaine et d’isolement, le renforcement des capacités hospitalières, la création d’un système solide de recherche des contacts et l’intensification des tests de dépistage, ont permis d’éviter la propagation des cas dans le pays et, surtout, de n’enregistrer que deux décès au 30 janvier 2021, soit un an après que l’OMS a déclaré une urgence de santé publique de portée internationale.15

Nous ne savons pas combien de temps va durer l’état d’urgence… Nous ne pouvons rien considérer comme acquis.

Davaadorj Rendoo, épidémiologiste au Centre Nationale de Santé Publique de Mongolie, cité dans Technology Review
Un avion ramenant des citoyens mongols depuis Wuhan, en Chine, arrive à Oulan Bator en février 2020. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Getty Images/Byambasuren Byamba-Ochir.

*Compilés à partir du tableau de bord sur la COVID-19 par le Center for Systems Science and Engineering de l'Université John Hopkins.

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Références

  1. Organisation mondiale de la Santé. (2020a). « Timeline: WHO's COVID-19 response ». https://www.who.int/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/interactive-timeline
  2. The New York Times. (consulté le 15 mars 2021). « Coronavirus World Map: Tracking the Global Outbreak ». https://www.nytimes.com/interactive/2020/world/coronavirus-maps.html
  3. Cui, J., Li, F. et Shi, Z.-L. (10 décembre 2018). « Origin and evolution of pathogenic coronaviruses ». Nature Reviews Microbiology. https://www.nature.com/articles/s41579-018-0118-9
  4. Johns Hopkins Coronavirus Resource Center. (n.d.-b). « Vaccine Research & Development ». https://coronavirus.jhu.edu/vaccines/timeline
  5. Varagur, K. (18 août 2020). « How Mongolia has kept the coronavirus at bay ». MIT Technology Review. https://www.technologyreview.com/2020/08/18/1007135/mongolia-coronavirus/
  6. Organisation mondiale de la Santé. (2020a). « Timeline: WHO's COVID-19 response ». https://www.who.int/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/interactive-timeline
  7. Jargalsaikhan, M. (20 avril 2020). « Mongolia’s Effective ‘Analogue’ Approach to COVID-19 Containment ». Asia Pacific Foundation of Canada. https://www.asiapacific.ca/publication/mongolias-effective-analogue-approach-covid-19-containment
  8. Varagur, K. (18 août 2020). « How Mongolia has kept the coronavirus at bay ». MIT Technology Review. https://www.technologyreview.com/2020/08/18/1007135/mongolia-coronavirus/
  9. Erkhembayar, R., Dickinson, E., Badarch, D., Narula, I., Warburton, D., Thomas, G. N., Ochir, C. et Manaseki-Holland, S. (2020). « Early policy actions and emergency response to the COVID-19 pandemic in Mongolia: experiences and challenges ». The Lancet Global Health, 8(9), e1234–e1241. https://www.thelancet.com/journals/langlo/article/PIIS2214-109X(20)30295-3/fulltext
  10. Erkhembayar, R., Dickinson, E., Badarch, D., Narula, I., Warburton, D., Thomas, G. N., Ochir, C. et Manaseki-Holland, S. (2020). « Early policy actions and emergency response to the COVID-19 pandemic in Mongolia: experiences and challenges ». The Lancet Global Health, 8(9), e1234–e1241. https://www.thelancet.com/journals/langlo/article/PIIS2214-109X(20)30295-3/fulltext
  11. Erkhembayar, R., Dickinson, E., Badarch, D., Narula, I., Warburton, D., Thomas, G. N., Ochir, C. et Manaseki-Holland, S. (2020). « Early policy actions and emergency response to the COVID-19 pandemic in Mongolia: experiences and challenges ». The Lancet Global Health, 8(9), e1234–e1241. https://www.thelancet.com/journals/langlo/article/PIIS2214-109X(20)30295-3/fulltext
  12. Bhatia, G., Dutta, P. K. et McClure, J. (consulté le 15 mars 2021). Mongolie : derniers chiffres, graphiques et cartes sur l’évolution du coronavirus. Reuters. https://graphics.reuters.com/world-coronavirus-tracker-and-maps/countries-and-territories/mongolia/
  13. Reuters. (21 janvier 2021). « Mongolian prime minister submits resignation after COVID-19 protests ». https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-mongolia-idUSKBN29Q1GT
  14. France 24. (21 janvier 2021). « Mongolians protest at virus curbs after row over mother’s treatment ». https://www.france24.com/en/live-news/20210121-mongolians-protest-at-virus-curbs-after-row-over-mother-s-treatment
  15. Statista. (consulté le 15 mars 2021). « COVID-19 deaths worldwide per million population as of March 15, 2021, by country ». https://www.statista.com/statistics/1104709/coronavirus-deaths-worldwide-per-million-inhabitants/