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Epidemic Prevention/ Success Stories

Les leçons de la Tanzanie – Comment les évaluations aident les États à se préparer aux menaces de santé publique

Les responsables de la santé en Tanzanie partagent les leçons tirées de leur évaluation

Lorsque l‘épidémie d’anthrax (maladie du charbon) a éclaté l’année dernière en république-unie de Tanzanie, un phénomène répété, bien que sporadique pendant la saison sèche, le gouvernement l’a immédiatement confronté avec une nouvelle approche stratégique.

Le docteur Janneth Maridadi Mghamba, ancienne directrice adjointe de l’épidémiologie au ministère Tanzanien de la Santé et de la Protection Sociale, a déclaré que c’était une différence radicale par rapport aux années précédentes. Cette fois-ci, les responsables ont utilisé les connaissances fournies par la participation du pays à l’évaluation externe conjointe (EEC), une évaluation collaborative et rigoureuse du niveau de préparation aux épidémies conduite par l’Organisation mondiale de la Santé et d’autres partenaires. Au cours de ce processus, le pays a élaboré son plan d’action national pour la sécurité sanitaire (PANSS).

« Avant l’EEC, réagir à cette maladie zoonotique était un cauchemar, car nous n’étions pas coordonnés en termes de partage d’informations, d’enquêtes conjointes et de réponse », a déclaré le Dr Mghamba. « Après l’EEC et que des lacunes aient été identifiées, nous avons développé, en collaboration avec le secteur des animaux, une plateforme formelle de partage d’informations et avons commencé à partager des informations sur les événements zoonotiques. La réponse à l’épidémie d’anthrax (maladie du charbon) de novembre 2017 était donc mieux coordonnée et nous avons enquêté conjointement sur les cas et effectué des interventions conjointes sur les animaux et les humains. »

L’EEC est née d’un ensemble de règles connues sous le nom de Règlement sanitaire international (RSI), un accords contraignant adopté par les 194 États membres de l’Assemblée mondiale de la Santé de l’Organisation mondiale de la Santé en 2005.

Chaque État partie au RSI a convenu d’acquérir, renforcer et maintenir, dès que possible mais au plus tard cinq ans suivant l’entré en vigueur du RSI, « la capacité de détecter, d’évaluer, de notifier et de déclarer les des événements en application du présent Règlement”.

L’EEC est un processus robuste permettant d’évaluer l’état de préparation d’un pays à réagir à une crise sanitaire. Tout d’abord, le pays lui-même procède à une évaluation interne, suivie d’un examen systématique par des experts externes. Les deux séries attribuent des notes allant de 1 à 5 (« capacités absentes » à «capacités pérennes ») dans des dizaines de sous-catégories. Une fois cela fait, le pays doit élaborer et mettre en œuvre un plan d’action pour franchir une étape dans chaque catégorie de protection, en créant un système agile de prévention, de détection et de réponse aux épidémies.

Pourtant, c’est là que de nombreux pays se sont arrêtés. De nombreux pays ont achevé l’EEC, mais quelques-uns seulement en ont transformé les résultats en un plan d’action et un nombre encore inférieur de pays ont comblé les lacunes qui posent un danger pour les vies humaines.

Investir dans la préparation aux épidémies peut être difficile, étant donné que si tout se passe comme prévu, rien ne se passe. Mais l’épidémie de virus Ebola de 2014 en Afrique de l’Ouest a suscité une nouvelle urgence. Le monde a reconnu la nécessité d’un cadre de prévention, de détection et de réponse. La Tanzanie s’est avancée, acceptant de se soumettre à l’examen avec l’idée d’améliorer son système et de fournir un modèle pour les autres pays.

Le processus de développement du système de réponse à l’épidémie a été un travail difficile et continue.

Dans le cas de l’épidémie d’anthrax (maladie du charbon), les différentes agences ont cartographié les ressources disponibles et coordonné les secteurs « afin d’élaborer un plan d’intervention pour déployer des équipes multidisciplinaires d’intervention rapide », a déclaré le Dr Mghamba. Ils ont également formé des vétérinaires au programme de formation en épidémiologie de terrain et en laboratoire du pays (FELTP), en collaboration avec la structure de coordination « une seule santé » de l’OMS aux niveaux national et local.

L’une des meilleures pratiques découvertes par la Tanzanie a été la création d’un groupe de travail technique multisectoriel, a déclaré le Dr Mghamba.

« C’est pour moi le point d’entrée », a-t-elle dit. « Un pays doit avoir ce genre de groupe de travail technique. Ce groupe de travail technique se réunit ensuite tous les trimestres. ”

Le groupe de travail technique de la Tanzanie est composé de 18 personnes de divers secteurs, dont « au moins 70% sont des décideurs », a déclaré le Dr Mghamba.

Le groupe de travail technique est habilité à superviser la mise en œuvre technique du plan et se réunit périodiquement pour discuter de samise en œuvre et de ses améliorations. Les membres sont issus de tous les domaines évalués par l’EEC et ont le pouvoir de prendre des décisions en termes d’attribution des ressources et de mobilisation, a déclaré le Dr Mghamba.

La Tanzanie a organisé des ateliers pour montrer aux autres pays Africains comment améliorer la sécurité sanitaire. Le Dr Mughamba a donné ces conseils aux pays cherchant à renforcer les capacités de leur système de santé et à améliorer leurs scores d’EEC

– Nommer un point focal de coordination
– Former un groupe de travail multisectoriel avant de commencer l’EEC et s’assurer que tous les membres comprennent le processus
– Engager les politiciens, tels que les députés, dès le début
– Cartographier tous les partenaires clés de nombreux secteurs du système de santé, en gardant à l’esprit la perspective plus large de la santé publique
– Eduquer au préalable divers intervenants et partenaires sur le processus de l’EEC et les documents connexes afin de garantir le bon déroulement des évaluations
– Convenir de la manière de donner suite aux conclusions de post-évaluation et de qui coordonnera la réponse. Ancrer le plan à un haut niveau de gouvernement, tel que le bureau du Premier ministre ou du Président, pour faciliter la coordination et la responsabilité.
– Planifier bien à l’avance comment les résultats de post-évaluation s’intégreront aux autres plans et stratégies déjà en cours
– Convenir à l’avance du secteur qui supervisera la mise en œuvre du plan. Le secteur de la santé est idéal étant donné que de nombreux piliers relèvent de cette catégorie.
– Amener les directeurs des politiques et de la planification à un stade précoce, ainsi que le ministère des Finances, pour permettre un financement rapide de ce qui doit être fait
– Donner la priorité à ce qui peut être réalisé au cours des deux premières années et le faire, puis passer aux tâches les plus difficiles

Rétrospectivement, a déclaré le Dr Mughamba, ils auraient pu procéder différemment, par exemple en faisant intervenir le secteur privé et les partenaires communautaires au début. Ils auraient également identifié chaque personne impliquée dans le renforcement des systèmes de santé du pays et cartographié minutieusement ces ressources avant de commencer, a-t-elle déclaré.

Bien que le travail soit loin d’être terminé, les améliorations sont déjà évidentes.

« Le parcours de la Tanzanie, de l’EEC à la finalisation d’un PANSS financé, a incité de multiples parties prenantes dans le pays à travailler ensemble sur la sécurité sanitaire», a conclu le Dr Mghamba et plusieurs autres auteurs dans le British Medical Journal : « En termes de création de partenariats, il n’est pas exagéré de dire que le processus de développement du EEC et du PANSS en Tanzanie a créé et continue de créer des partenariats à la fois dans les secteurs nationaux et avec des partenaires internationaux et des pays d’une manière jamais vue auparavant.»

Crédit photo: Halliday, JEB., Allan, KJ., D. Ekwem, S. Cleaveland, S. Kazwala, RR., Crump, JA. (2015) Les zoonoses endémiques sous les tropiques: un problème de santé publique caché à la vue. 176, 220-225.


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