À propos d'Ébola
La maladie à virus Ebola est une maladie rare, mais mortelle causée par un virus transmis initialement de l’animal à l’homme. Les chauves-souris sont considérées comme l’hôte naturel de cette maladie, et l’infection initiale peut se produire lorsqu’un être humain entre en contact avec une chauve-souris porteuse du virus ou qu’il mange un animal ayant été préalablement infecté par une chauve-souris.1 Une épidémie peut apparaître lorsqu’une personne infectée transmet le virus à d’autres personnes à travers ses fluides corporels. Depuis sa découverte en 1976, la maladie à virus Ebola a présenté un taux de mortalité oscillant entre 25 % et 90 % lors des différentes épidémies. Si les épidémies ont été relativement peu nombreuses, les plus dévastatrices se sont produites en 2014-2016 dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, infectant environ 28 600 personnes et faisant environ 11 325 morts.2
Les premiers symptômes peuvent ressembler à ceux de la grippe, mais la maladie entraîne dans un second temps une insuffisance rénale et hépatique ainsi que des saignements internes et externes.3Les soins de soutien, comme la réhydratation par voie orale ou intraveineuse, augmentent considérablement les chances de survie. Un traitement a par ailleurs été approuvé en 2020.4 Des vaccins efficaces sont disponibles depuis 2019, mais l’approvisionnement reste limité et la distribution se heurte à d’importants problèmes logistiques.5
Ce qu’il s’est passé
Une épidémie d’Ebola s’est déclarée en août 2018 au Nord-Kivu et en Ituri, deux provinces de la RDC. Les conflits en cours dans la région ont gravement entravé la riposte, ce qui a permis au virus de se propager largement. À la fin de l’épidémie en juin 2020, le bilan était de 3 481 personnes infectées et de 2 299 personnes décédées, ce qui en fait la deuxième plus grande épidémie d’Ebola connue à ce jour. Son taux de mortalité de 66 % était relativement élevé par rapport à d’autres épidémies.6, 7 Les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri bordent l’ouest de l’Ouganda. Compte tenu de l’ampleur de l’épidémie en RDC et du déplacement d’un grand nombre de citoyens et de réfugiés amenés à traverser la frontière, l’Ouganda présentait un risque élevé de propagation internationale.
L'Ouganda s'était préparé à une épidémie d'Ebola depuis le mois d'août 2018 et a mobilisé rapidement ses équipes d'intervention.
Au début du mois de juin 2019, un enfant de cinq ans a été testé positif au virus Ebola à l’hôpital de Bwera dans le district de Kasese, en Ouganda, près de la frontière avec la RDC. L’enfant revenait d’un voyage qu’il avait fait en RDC avec sa famille pour assister aux obsèques de son grand-père, décédé d’Ebola. Le garçon, ainsi que deux membres de sa famille qui avaient eux aussi été testés positifs à l’Ebola (une grand-mère et un frère de trois ans), sont décédés quelques jours plus tard. Le ministère de la Santé a déclaré l’épidémie le 9 juin 2019 et mis en place des mesures d’intervention pour empêcher toute propagation. 8
Le garçon et sa famille ont été les premiers d’une poignée de cas seulement qui ont été signalés en Ouganda pendant toute la durée de l’épidémie en RDC, malgré les millions de passages de frontières entre les deux pays. Aucun autre cas n’a été à déplorer en Ouganda à partir de ces personnes infectées.
Les facteurs essentiels de la préparation aux épidémies
L'Intervention
L'Ouganda s'était préparé à une épidémie d'Ebola depuis le mois d'août 2018 et a mobilisé rapidement ses équipes d'intervention.
Quelques jours après la déclaration de l’épidémie à virus Ebola en RDC en août 2018, l’Ouganda a activé ses systèmes nationaux de préparation et d’intervention d’urgence. En quelques semaines, l’Ouganda a ouvert plusieurs centres de traitement d’Ebola et laboratoires de dépistage rapide près de la frontière avec la RDC. Toutes les personnes entrant dans le pays ont ainsi été soumises à des contrôles frontaliers.9 En novembre 2018, le gouvernement ougandais avait vacciné près de 5 000 soignants et membres du personnel d’intervention, le tout avant qu’aucun cas n’ait été détecté en Ouganda.10
Lorsque le garçon âgé de cinq ans et sa famille sont rentrés en Ouganda depuis la RDC en juin 2019, ils ont été rapidement identifiés au point de dépistage systématique d’Ebola du poste-frontière de Mpondwe, testés puis placés dans un centre de traitement d’Ebola après confirmation de l’infection.11 Le gouvernement ougandais ayant installé des laboratoires de terrain capables d’assurer le dépistage de la maladie à virus Ebola dans la zone, les résultats des tests étaient disponibles dans les six heures et confirmés par le biais de tests supplémentaires dans les 24 heures.
Les équipes d’intervention d’urgence nationale et de district ont été immédiatement convoquées pour renforcer les activités de riposte, notamment en intensifiant la communication sur les risques et en vaccinant près de 300 contacts des personnes infectées. Aucune autre infection n’a été détectée, et la fin de l’épidémie a été déclarée le 25 juillet, une fois écoulée la période recommandée de 42 jours sans nouveaux cas. 1213
Les dépistages à grande échelle réalisés par l’Ouganda à la frontière ont permis de repérer plusieurs personnes présentant des symptômes suspects d’Ebola. Celles-ci ont été isolées et testées, les résultats étant souvent renvoyés sous 24 heures. En dehors du garçon et de sa famille, seuls deux autres cas positifs sont apparus au cours de l’épidémie de la RDC, qui ont été tous deux rapidement détectés, investigués et pris en charge, évitant ainsi de nouvelles infections.14, 15
L’activation rapide par l’Ouganda de ses systèmes de riposte aux situations d’urgence sanitaire, qui étaient déjà en place bien avant que l’apparition de cas d’Ebola en RDC ne menace de déclencher une épidémie en Ouganda, a permis d’éviter de nouvelles infections.
« Nous remercions toutes les parties prenantes, notamment les bailleurs de fonds, les partenaires de mise en œuvre et les communautés locales qui se sont rapidement saisies du mécanisme de riposte pour veiller à ce que les cas soient détectés de façon précoce, à ce que les contacts soient correctement pris en charge et à ce qu’aucun cas secondaire n’émerge. En tant que pays, nous sommes fiers d’avoir mis fin à cette épidémie. »
Dr Jane Ruth Aceng, ministre de la Santé en Ouganda
Chronologie
Références
- Organisation mondiale de la Santé. (23 février 2021b). Maladie à virus Ebola. OMS. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/ebola-virus-disease
- Centres africains de contrôle et de prévention des maladies. (2019). 2014-2016 Ebola Outbreak in West Africa | Histoire | Ebola (maladie à virus Ebola) | CDC. https://www.cdc.gov/vhf/ebola/history/2014-2016-outbreak/index.html
- Organisation mondiale de la Santé. Mai 2017. « Maladie à virus Ebola : questions-réponses ». OMS. https://www.who.int/emergencies-old/diseases/ebola/frequently-asked-questions
- U.S. Food and Drug Administration. (14 octobre 2020). « FDA Approves First Treatment for Ebola Virus ». https://www.fda.gov/news-events/press-announcements/fda-approves-first-treatment-ebola-virus
- Organisation mondiale de la Santé. (14 février 2020). « Quatre pays de la Région africaine homologuent un vaccin : une étape importante dans la prévention contre la maladie à virus Ebola ». https://www.who.int/news/item/14-02-2020-four-countries-in-the-african-region-license-vaccine-in-milestone-for-ebola-prevention
- Organisation mondiale de la Santé. (12 janvier 2021a). « Ebola outbreak 2018-2020- North Kivu/Ituri, DRC ». https://www.who.int/emergencies/diseases/ebola/drc-2019
- Organisation mondiale de la Santé. (23 février 2021b). Maladie à virus Ebola. OMS. https://www.who.int/emergencies-old/diseases/ebola/frequently-asked-questions
- Organisation mondiale de la Santé. (juin 2019a). « Ebola Virus Disease in Uganda » (SitRep #07). OMS | Bureau régional de l’Afrique. https://www.afro.who.int/sites/default/files/2019-06/Ebola%20Virus%20Disease%20Sitrep%207%2019th%20June%202019.pdf
- Xinhua. (22 août 2018). « Uganda opens Ebola treatment units at border with DRC » -– Xinhua | English.news.cn. http://www.xinhuanet.com/english/2018-08/22/c_137410772.htm
- Organisation mondiale de la Santé. (3 juillet 2019b). « Maladie à virus Ebola – Ouganda ». https://www.who.int/csr/don/13-june-2019-ebola-uganda/en/
- Winsor, M. (12 juin 2019). « Ebola-stricken boy who became 1st cross-border case in growing outbreak dies ». ABC News. https://abcnews.go.com/International/ebola-stricken-boy-1st-cross-border-case-growing/story?id=63656559
- Organisation mondiale de la Santé. (juin 2019a). « Ebola Virus Disease in Uganda » (SitRep #07). OMS | Bureau régional de l’Afrique. https://www.afro.who.int/sites/default/files/2019-06/Ebola%20Virus%20Disease%20Sitrep%207%2019th%20June%202019.pdf
- Organisation mondiale de la Santé, ministère de la Santé de la République de l’Ouganda. (25 juillet 2019). Conseils hebdomadaires aux voyageurs sur la maladie à virus Ebola en Ouganda [communiqué de presse]. https://web.archive.org/web/20190725154722/https://health.go.ug/download/file/fid/2349
- Miles, T. (19 juillet 2019). « WHO says investigators conclude Ebola victim did not enter Rwanda ». Reuters. https://www.reuters.com/article/us-health-ebola/who-says-investigators-conclude-ebola-victim-did-not-enter-rwanda-idUSKCN1UE1CX
- Ministère de la Santé de la République de l’Ouganda. (29 septembre 2019). « Confirmation of an Imported Ebola Virus Disease Case in Kasese District » [communiqué de presse]. https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/29%20August-%20Press%20Release.pdf