COVID-19

  1. Resolve to Save Lives
  2. Africa CDC

Etude de cas:

La COVID-19
en Afrique

Les chiffres de l'épidémie*

  1. 12.7M Nombre total de cas
  2. 0 Nombre de vaccins
  3. 261.3K Nombre de morts
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Dans une démarche d’engagement fondée sur la collaboration plutôt que sur la compétition, l’action rapide des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) et la coordination politique menée par l’Union africaine ont contribué à impulser une riposte à l’échelle du continent face à la COVID-19, ce qui a permis d’augmenter considérablement les capacités en matière de santé publique et de sauver d’innombrables vies.

À propos du SARS-CoV-2

Le 31 décembre 2019, la Commission sanitaire municipale de Wuhan a informé le bureau de l’Organisation mondiale de la Santé en Chine de l’apparition de cas de pneumonie causée par un virus inconnu.1 En avril 2021, le bilan de la COVID-19, la maladie causée par le SARS-CoV-2, était de plus de 3 millions de morts et d’au moins 140 millions de personnes contaminées à travers le monde.2

Le SARS-CoV-2 est un nouveau coronavirus. Les coronavirus ont été identifiés dans les années 1960 comme une cause des rhumes chez l’homme, mais ils n’étaient pas considérés comme une menace pour la santé publique. Bien que les rhumes puissent parfois entraîner des maladies graves chez les nourrissons et les personnes âgées, ils ne représentaient généralement pas un grand danger pour la population générale. La situation a changé avec l'apparition du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2002 et du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) en 2012, tous deux causés par de nouveaux coronavirus humains plus mortels et capables de rendre gravement malades des personnes habituellement en bonne santé.3

Deux mois après sa découverte à Wuhan, le SARS-COV-2 s’est révélé être un adversaire bien plus dangereux.

En mars 2020, l’OMS qualifiait la COVID-19 de pandémie mondiale, incitant les pays à prendre des mesures radicales de confinement et de restriction des déplacements alors que cette maladie mortelle se propageait partout dans le monde. L’humanité n’ayant jamais été confrontée à la COVID-19, il n’existait pas d’immunité naturelle ni de protocoles de soins établis. Les gouvernements se sont donc appuyés sur des mesures sociales et de santé publique telles que la quarantaine, le port du masque et la distanciation physique pour ralentir la propagation du virus tandis que la communauté scientifique se lançait dans une course contre la montre pour développer des traitements et des vaccins.

Les scientifiques sont parvenus à développer des vaccins pour protéger la population contre la COVID-19 en moins d’un an.4 Normalement, il faut compter cinq à 10 ans pour le développement d’un vaccin. Les médecins ont également appris à mieux gérer les soins aux patients, ce qui a permis d’améliorer l’espérance de vie dans certaines régions. Il n’existe cependant pas encore de traitement contre la COVID-19, et plusieurs années peuvent s’écouler avant que toute la population mondiale soit vaccinée. Alors que les pays s’efforcent de lever les principaux obstacles à la distribution équitable des vaccins, des mesures de santé publique sont encore nécessaires pour sauver des vies.

Avertissement : Ces études de cas présentent divers pays qui ont mis en œuvre des plans de préparation pour une riposte initiale forte face à la COVID-19. Étant donné que la pandémie s'étend et met à l'épreuve les capacités de riposte de tous les pays, une augmentation des cas, des décès et des erreurs d’intervention peuvent encore se produire.

Vue de la ville du Cap, en Afrique du Sud. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Unsplash

Ce qu’il s’est passé

Les dirigeants des États membres de l’Union africaine ont observé avec circonspection la propagation des cas de COVID-19 dans le monde au début de l’année 2020. Les systèmes de santé de nombreux pays africains étaient fragiles, et se trouvaient déjà aux prises avec de grandes épidémies de maladies infectieuses comme le VIH, la tuberculose et le paludisme, auxquelles s’ajoutaient occasionnellement des flambées de maladies telles qu’Ebola ou la fièvre jaune. La prise en charge de la COVID-19 risquait d’exercer une pression supplémentaire sur des systèmes de santé déjà en tension et de forcer les pays à se disputer les ressources. Le 14 février, le premier cas de COVID-19 a été déclaré en Afrique par les autorités égyptiennes. Il était urgent de prendre des mesures efficaces pour éviter une tragédie sur le continent.

L'Intervention

Bien que chaque pays africain se soit préparé individuellement à faire face à la COVID-19, les dirigeants du CDC Afrique ont reconnu qu’une réponse à l’échelle du continent serait nécessaire pour soutenir les efforts des États et mobiliser les ressources le plus efficacement possible. Le CDC Afrique, qui est la branche de l’Union africaine dédiée à la santé publique, avait été lancé trois ans plus tôt pour contribuer à accroître les capacités des pays africains à détecter, prévenir et combattre rapidement et efficacement les menaces de maladies. Si le CDC Afrique avait déjà soutenu la riposte à plusieurs épidémies par le passé, la COVID-19 était la première pandémie qui allait toucher l’ensemble du continent.

Lorsque le premier cas est arrivé sur le continent en février, le CDC Afrique avait déjà pris une mesure cruciale : son système de gestion des urgences avait été activé le 27 janvier, ce qui a permis d’entamer une évaluation et une planification rigoureuses de la riposte au fur et à mesure que les cas se propageaient dans le monde.5 Bien que de nombreux pays aient disposé d’un système pour faire face aux épidémies, ils risquaient de se heurter à des difficultés particulières avec la COVID-19. L’Afrique du Sud et le Sénégal étaient les deux seuls pays du continent en capacité de réaliser les tests de dépistage du virus. De nombreux pays étaient par ailleurs exposés à des pénuries de ressources essentielles, notamment d’équipements de protection individuelle, de respirateurs, de personnel médical et d’équipes de recherche de contacts.

Dépistage de la COVID-19 à Madagascar en mars 2020. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Flickr, CC-by-2.0/World Bank Photo Collection

Les facteurs essentiels de la préparation aux épidémies

  1. Interventions d'urgence

  2. Législation, mesures et financement à l'échelle nationale

Tout en identifiant les lacunes et en se préparant à soutenir les pays, le personnel du CDC Afrique a travaillé avec les responsables politiques du continent au plus haut niveau pour assurer une riposte coordonnée. En mars, tous les chefs d’État africains avaient approuvé une stratégie continentale conçue par le CDC Afrique pour faire face à la pandémie de COVID-19.6 Cela a permis le déploiement d’une riposte coordonnée à travers tout le continent, menée par le CDC Afrique, avec les avantages qu’offre la coopération entre les pays par rapport à la concurrence que se sont livrés de nombreux autres pays ailleurs dans le monde.

La stratégie était claire : diagnostic et isolement rapides des cas positifs, mise en quarantaine des cas contacts, distanciation sociale, communication publique efficace, renforcement de la prévention et du contrôle des infections dans les hôpitaux et accès aux équipements permettant de prendre en charge les cas graves. En faisant appel à des experts de tout le continent, ainsi qu’à des responsables de l’OMS et à des partenaires extérieurs, le CDC Afrique a créé des groupes de travail pour se pencher sur chaque thématique.

Le Dr John Nkengasong, directeur du CDC Afrique, prend la parole lors d'une conférence de presse. Photo reproduite avec l'aimable autorisation du CDC Afrique

La plus grande réussite réside dans le soutien politique des dirigeants africains qui ont compris qu'ils avaient besoin de ce type d'institution [le CDC Afrique] pour relever les défis sanitaires auxquels ils sont confrontés sur le continent.

Dr Benjamin Djoudalbaye, responsable de la division en charge de la politique, de la diplomatie de la santé et de la communication pour le CDC Afrique
Une formation dispensée par le CDC Afrique. Photo reproduite avec l'aimable autorisation du CDC Afrique

Bien que la pandémie ne soit pas encore dernière nous, le continent africain a connu de nombreux succès. Entre février et avril 2020, des dizaines de milliers de médecins et d’agents de santé communautaires ont été formés à la prise en charge de la COVID-19. Nous sommes passés de deux à 43 pays en capacité de réaliser des tests de dépistage, grâce à la formation de près de 20 000 employés de laboratoire et au recours à des équipements auparavant utilisés pour le dépistage du VIH et de la tuberculose qui ont été réaffectés au dépistage de la COVID-19.7 Le CDC Afrique a travaillé avec les pays pour harmoniser des systèmes de surveillance des maladies parfois disparates, offrant ainsi un aperçu de l’évolution des contaminations à l’échelle du continent.8 En outre, un système d’achat groupé a été mis en place pour réduire le coût du matériel médical. Le CDC Afrique s’est efforcé d’accélérer l’approvisionnement des vaccins lorsqu’ils ont été approuvés. Grâce aux comités établis dans le cadre de la stratégie de coopération continentale, les experts partagent régulièrement des données ainsi que leurs bonnes pratiques.

La plupart des succès obtenus à ce jour sont dus à la préparation des pays en amont. Les leçons tirées d’épidémies passées comme celles d’Ebola ont permis la mise en place d’une riposte rapide et coordonnée face à la COVID-19. Lorsque le virus est apparu sur le continent, le CDC Afrique avait déjà mis en place des centres de coordination régionale, renforcé la capacité des laboratoires et harmonisé les réseaux de surveillance. En 2015, les chefs d’État et de gouvernement africains ont créé la plateforme Africa Volunteer Health Corps, destinée à déployer des professionnels de santé bénévoles en moins de 72 heures lors d’épidémies ou d’autres urgences sanitaires. À l’heure actuelle, 196 volontaires ont été mobilisés sur le continent pour apporter leur soutien aux efforts de riposte. Le CDC Afrique a par ailleurs créé le Pathogen Genomics Intelligence Institute, qui est capable de séquencer les génomes viraux pour suivre l’évolution des variants de la COVID-19. Au départ, l’objectif était de doter trois pays de centres comme celui-ci. Aujourd’hui, 16 pays en sont dotés et l’ambition est de poursuivre cette expansion.

Le travail entrepris par le CDC Afrique depuis sa création, qu’il s’agisse des investissements dans les systèmes de laboratoire, des formations cliniques ou de la mise en place d’une riposte rapide fondée sur le principe de coopération, s’est avéré efficace. Le fait que l’accent ait été mis sur la collaboration plutôt que sur la concurrence a permis aux pays de concentrer leur énergie sur les activités de la riposte. En avril 2021, l’Afrique avait enregistré un peu plus de 120 000 décès liés à la COVID-19, ce qui représente un cinquième du nombre de décès constatés aux États-Unis, alors que la population de ce pays est plus de trois fois inférieure à celle du continent africain. Bien que les variants qui ont émergé en Afrique du Sud et ailleurs restent une menace et que le CDC Afrique ait averti qu’il convient de ne pas crier victoire trop tôt, il est clair que la riposte coordonnée impulsée par ce dernier a permis de sauver des vies tout en préparant mieux le continent à faire face à de futures épidémies.

Cette étude de cas a été réalisée en partenariat avec les Centres africains de prévention et de contrôle des maladies.

Nous constatons une plus grande coordination. La riposte est coordonnée. Les pays communiquent entre eux. Tous les mardis, l’ensemble du continent (les experts, les États membres et les partenaires, notamment l’OMS, le CDC européen et le CDC américain), tous ces partenaires se retrouvent au sein du même groupe de travail [du CDC Afrique]. C’est une excellente pratique qui a vocation à se maintenir. Et c’est un énorme succès. Lors des précédentes épidémies, nous n’avions jamais vu le CDC Afrique ou l’UA diriger un tel forum réunissant toutes ces parties prenantes… pour coordonner leurs efforts avec les nôtres. Pour collaborer avec nous. Pour communiquer avec nous. Nous sommes en train de créer ensemble des communautés de pratique.

Dr Benjamin Djoudalbaye, responsable de la division en charge de la politique, de la diplomatie de la santé et de la communication pour le CDC Afrique
Vue de la ville du Cap, en Afrique du Sud. Photo reproduite avec l'aimable autorisation d'Unsplash

*Compilés à partir du tableau de bord sur la COVID-19 par le Center for Systems Science and Engineering de l'Université John Hopkins.

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Références

  1. Organisation mondiale de la Santé. (2020a). « Timeline: WHO's COVID-19 response ». https://www.who.int/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/interactive-timeline
  2. The New York Times. (consulté le 15 mars 2021). « Coronavirus World Map: Tracking the Global Outbreak ». https://www.nytimes.com/interactive/2020/world/coronavirus-maps.html
  3. Cui, J., Li, F. et Shi, Z.-L. (10 décembre 2018). « Origin and evolution of pathogenic coronaviruses ». Nature Reviews Microbiology. https://www.nature.com/articles/s41579-018-0118-9
  4. Johns Hopkins Coronavirus Resource Center. (n.d.-b). « Vaccine Research & Development ». https://coronavirus.jhu.edu/vaccines/timeline
  5. Centres africains de contrôle et de prévention des maladies. (consulté le 11 septembre 2020). « Africa Joint Continental Strategy for COVID-19 Outbreak ». https://africacdc.org/download/africa-joint-continental-strategy-for-covid-19-outbreak/
  6. Centres africains de contrôle et de prévention des maladies. (consulté le 11 septembre 2020). « Africa Joint Continental Strategy for COVID-19 Outbreak ». https://africacdc.org/download/africa-joint-continental-strategy-for-covid-19-outbreak/
  7. Ondoa, P., Kebede, Y., Loembe, M. M., Bhiman, J. N., Tessema, S. K., Sow, A., Sall, A. A. et Nkengasong, J. (2020). https://www.thelancet.com/pdfs/journals/lanmic/PIIS2666-5247(20)30068-9.pdf
  8. Centres africains de contrôle et de prévention des maladies. (2020). « Africa CDC Launches Continent-wide Response » | Division of Global Health Protection | Global Health | CDC. https://www.cdc.gov/globalhealth/healthprotection/fieldupdates/fall-2020/africa-cdc-covid.html